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Pourquoi ne pas transformer Mars en cimetière d’astronautes explorateurs

Nous avons vu dans un précédent article pourquoi la planète Mars ne sera jamais la résidence principale, ou même secondaire, de l’humanité. Mais y aller jeter un coup d’œil, envoyer une mission éphémère ? Et bien, non plus.

Cet article est la suite de celui-ci

Touriste sur la planète rouge

Si l’homme ne pourra pas vivre, du moins dans des conditions décentes, sur Mars, au moins pourrait-il aller s’y promener. Y envoyer un premier homme, ou une première femme, puis des seconds, troisièmes etc. Là, plus besoin d’y vivre, on se pose, on marche sur le sol en lançant des phrases historiques, on prélève des échantillons et on rentre à la maison. Facile.

Alors, oui, mais non. Mars a ceci d’absolument pas particulier qu’elle bouge. C’est une manie de tout ce qu’on peut trouver dans l’espace : tout bouge tout le temps, tout tourne autour de tout, et à des vitesses colossales.

Par exemple, Mars se déplace à 86 000 kilomètres par heures autour du soleil. Non, il n’y a pas d’erreur. La Terre, elle, est plus rapide : 107 000 kilomètres par heure en moyenne. Concrètement, ça veut dire que,quand vous comptez « un », la Terre a parcouru 29,6 kilomètres dans l’espace.

Et comme tout ne tourne pas à la même vitesse, il y a des moments très précis où il faut lancer une fusée si on veut atteindre Mars. Plus précisément, il ne faut pas lancer une fusée vers Mars, il faut lancer une fusée vers où se trouvera Mars le temps d’y aller. Si on compte que le voyage dure sept mois, il faut calculer où se trouvera Mars dans sept mois et lancer une mission vers ce point.

Et ça, c’est facile, les ingénieurs le font tout le temps.

Seulement, quand on atteindra ce point, la Terre aura bougé, Mars continuera sa course folle, et il faudra attendre un bon moment pour viser le point où se trouvera la Terre pour le voyage de retour. Il y a un créneau, pour ça, de quelques jours. Ce qui est bien, quelques jours, c’est suffisant, oui. Le problème, c’est que ce créneau se présente tous les deux ans.

Pour être clair : aujourd’hui, on ne sait pas envoyer un astronaute sur Mars. Un astronaute vivant, s’entend. Et si on y arrivait, on n’est pas sur, une fois sur place, de pouvoir le garder en vie une journée.

Envoyer un premier homme sur Mars, ça signifierai pouvoir le garder vivant deux ans sur place, plus deux fois six mois de voyage (dans l’hypothèse la plus rapide).

Tout cela, en dehors du facteur humain, coûterais un pognon de dingue, comme qui dirait. Et donc, la question qui se pose ensuite, c’est : pour quoi faire ?

Rien. Aller sur Mars, à part épater la galerie, n’a aucune utilité. Faire de la science ? On a déjà des robots qui y vont depuis les années 70. La prochaine étape, c’est ramener des échantillons, c’est en cours, avec une mission automatisée. Envoyer un astronaute qui a autant de chances de survie que votre serviteur de devenir évêque de Rome, serait même contre productif.

Parce que les sondes martiennes qui sont envoyées là bas sont soigneusement stérilisées. L’idée, c’est que si on trouve une bactérie sur Mars, on n’aie pas besoin de se demander si elle était déjà sur place ou si la sonde l’a ramenée avec elle. Pour stériliser complètement un être humain, il faut au préalable le tuer. Et une fois l’opération finie, il n’en restera pas grand-chose.

En bref : envoyer un homme sur Mars serait extrêmement onéreux, au point de pouvoir ruiner un pays tout entier, serait contre-productif, et s’avérerait au final une mauvaise publicité, puisque le héros se ferait certainement tuer dans l’opération. Le tout pour rien.

Donc, aux esprits conquérants qui vous expliquent que l’homme sur Mars, c’est pour demain, répondez juste que ça fait un peu loin pour créer un cimetière.

Guillaume Bailly

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