Crédit photo : atlasobscura.com
La guerre fait le malheur du peuple mais le bonheur de certains. C’est ce qu’a conformé le procureur de Kiev, capitale de l’Ukraine, qui a mis en examen le directeur du crématorium de la ville et plusieurs autres personnes dans le cadre d’un trafic d’urnes funéraires.
L’arnaque en temps de guerre
La condamnation financière vient de tomber : l’ancien directeur des pompes funèbres de Kiev vient d’âtre condamné à rembourser 200 000 hryvnias, soit 4700 euros, à la ville. C’est sans compter sur une autre condamnation qui pourrait s’ensuivre, pénale cette fois-ci.
Les petits malins qui s’enrichissent grâce à la guerre, il y en a toujours eu. Marché noir, trafic d’armes, tout est bon à prendre lorsqu’on n’a aucun scrupule. Surtout de l’argent public.
Au début de la guerre contre la Russie, les services de la ville de Kiev se sont fait la réflexion qu’il y avait de grandes chances que certains de leurs soldats envoyés au front se fassent tuer, et qu’il faudrait put-être prendre des dispositions pour pouvoir rendre leur corps à leur famille.
Consigne a donc été donnée au directeur du crématorium de Kiev d’acheter des urnes funéraires afin de pouvoir restituer les cendres aux familles, aux frais de l’État. Jusqu’ici, rien de plus normal.
Le directeur du crématorium a alors joint un ami à lui, directeur de pompes funèbres, pour acheter des urnes. Avec un petit accord à l’intérieur de l’accord : le prix du modèle choisi était de 200 hryvnias, soit 4,50 euros, l’origine, mais la pompe funèbre le facturait 800 hryvnias au crématorium. Les deux directeurs se partageant ensuite les 600 hryvnias de bénéfices.
Une escroquerie rondement menée qui s’est étendue sur un an, entre 2022 et 2023, avant que le pot aux roses soit découvert.
Au bonheur des malandrins
L’arnaque en temps de guerre n’est pas spécifique à un conflit en particulier. On songera bien entendu aux évidences, comme les armes livrées pour des conflits qui se retrouvent ensuite sur le marché noir (bon nombre de celles utilisées par les trafiquants de drogue en France viendraient par exemple d’ex-Yougoslavie), le marché noir bien connu de la période d’occupation…
Mais sur les dépouilles également. En France, en 1922, un scandale a éclaté, baptisé « le scandale des Mercantis de la mort ». En cause, les exhumations militaires ordonnées par le gouvernement français et confié en tant que marché public à des entreprises de pompe funèbres.
L’idée, au départ, était d’exhumer les corps enterrés à la va-vite pour leur donner une sépulture décente, dans une tombe nominative, chez eux. Qu’est-ce qui pouvait mal tourner ?
Non seulement les entrepreneurs ne vont faire aucun effort pour identifier les corps, mais vont « perdre » l’identification de corps pourtant connus. Et d’autres scandales, tous plus ignominieux les uns que les autres, comme des cercueils remplis avec des ossements au petit bonheur la chance, un crâne par ci, un fémur par là…
Et, sacrilège des sacrilèges, on apprendra que des cadavres allemands ont été mélangés avec les français.
Bref, les arnaques funéraires en temps de guerre ne sont pas une nouveauté. Contrairement à ceux qui se font pincer après l’armistice, banalement envoyés en prison (parfois), au moins, ceux qui se font attraper alors que le conflit fait encore rage auront l’occasion d’aller se rattraper au front…
Guillaume Bailly