La crise du coronavirus a eu des impacts à tous les stades, parfois inattendus. Ainsi, les cimetières sans pesticides, souvent laissés en jachère durant la crise, offrent un triste spectacle qui cristallise, dans certaines communes, la colère de la population. Un exemple en Bretagne.
Morne plaine
C’est un petit cimetière Breton comme il en existe tant, où des générations entières reposent autour de la chapelle et de la croix de mission. Fermé durant le confinement, il a rouvert à la demande des familles, qui n’en sont pas revenues en voyant le sinistre spectacle qui s’offrait à elles.
En effet, l’entretien de ce cimetière se fait sans pesticides ou produits phyto-quelque chose. Seules armes autorisées contre les herbes folles, l’huile de coude et l’imagination des employés municipaux. Forcément, ces derniers ayant été, soit cloîtrés chez eux, soit réaffectés à des tâches plus urgentes durant le confinement, lesdites herbes folles ont prospéré en toute quiétude.
Les gravillons des allées, par endroits, disparaissent sous une verdure non désirée. Une verdure abondante, puisque sans le recours de la chimie, elle trouve un sol fertile où s’enraciner profondément.
Autant, durant le confinement, les familles s’étaient faites une raison, autant, bientôt trois semaines après la libération générale, le sentiment le plus partagé est la colère. Pas contre les employés municipaux, qui travaillent d’arrache-pied pour rattraper le retard accumulé, mais contre l’équipe municipale, principalement le maire, qui fixe les priorités.
Jusqu’ici, l’édile était assez populaire, au point de virer largement en tête lors du premier tour de l’élection municipale. Mais le vent semble tourner, si l’on en croit les propos recueillis dans les allées.
C’est une petite dame, aussi aimable qu’âgée, qui résume bien la pensée commune « C’est peut être un bon maire, mais on voit qu’il est pas d’ici, ça se voit que sa famille ne repose pas là ». Par « pas d’ici », entendez que le maire est originaire d’une ville fort lointaine, éloignée de… Vingt cinq kilomètres.
Ce village de bord de mer est loin d’être fermé au monde. Jadis, les pêcheurs partaient en haute mer au large des côtes d’Amérique du Sud ou d’Afrique, puis ont donné à la Marine Nationale quelques uns de ses meilleurs mousses. Dans une classe d’âge, celle des aînés, difficile de trouver quelqu’un qui n’ait pas un parent marin et qui n’ait pas lui même participé à une guerre coloniale, en Algérie ou en Indochine.
Pour ces gens qui ont parcouru tous les océans du globe, « être d’ici », c’est y avoir sa famille enterrée dans le cimetière et une place réservée dans le caveau familial. Toutes les lignes identitaires convergent vers la nécropole. Et c’est cela que l’équipe municipale, jeune et progressiste, n’a pas compris. C’est ce qui pourrait lui coûter, en juin prochain, une élection qu’elle aurait dû, pourtant, emporter haut la main.
Parce que considérer, pour les élus, le cimetière comme une priorité secondaire, revient, pour les habitants, à insulter leurs ancêtres sur plusieurs générations. Le coronavirus aura servi à cela : rappeler l’importance des cimetières dans la mémoire collective.
Guillaume Bailly
Pas facile de concilier tradition et innovation. Les deux points de vue sont légitimes et compréhensibles. J’aimerais tant que quand il y a divergences, chacun puisse s’exprimer et laisser l’autre s’exprimer. Pas facile de se comprendre, de trouver un terrain d’entente mais quand on comprend pourquoi l’autre prend autant les choses à coeur, je suis convaincue qu’il est possible de trouver des compromis où chacun y trouve son compte. La CO(M)-MU-NI-CA-TION !!!!!!