La sortie du livre « Les charognards » ce vendredi 17 octobre met en lumière une pratique habituelle chez les deux grands groupes cités, mais au-delà, dans toutes les pompes funèbres. Le principe du « pour vivre heureux, vivons cachés ». Grave erreur.
Bienvenue à la maison des horreurs
Pardon pour l’intertitre, mais c’est bientôt Halloween. Et pardon pour la page de publicité qui va suivre.
En 2014 déjà, ça ne nous rajeunis pas, sortait un livre aux Editions de l’Opportun, « Mes sincères condoléances », signé… Et bien signé de votre serviteur. Il racontait des anecdotes des métiers des pompes funèbres, vues de l’intérieur. Et dès 2014, le propos était déjà de dire que les croque-morts (je sais que le terme déplaît, moi je l’aime bien et je l’assume) sont des humains et que, comme tous les humains, parfois ils se plantent.
Et, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, le livre a été reconnu quasi unanimement pour sa bienveillance. Le but n’était pas de taper sur le métier, mais de le raconter de l’intérieur, avec ses boulettes souvent rigolotes, dans un contexte qui ne prête pas à rire. Et de parler des vivants face à la mort.
Il est toujours disponible en livre de poche, je mentionne cela ici innocemment, poursuivons.
On objecte parfois que, fort heureusement, l’humain ne se plante pas toujours. Comme dans les centrales nucléaires, ou ceux qui lancent des fusées. Alors, dans les centrales nucléaires, il y a des alarmes partout, et minimum deux opérateurs qui surveillent ce que fait l’autre. Quand aux fusées… Et bien si, parfois elles font boum, malgré les précautions.
Tenez, vous savez que, sur la fusée Ariane, par exemple, pour mettre une simple vis, ils sont à trois ? Un qui visse, un second à côté de lui qui supervise le vissage avec un descriptif technique extrêmement complet, et un troisième qui va vérifier ensuite que la vis est bien placée conformément au cahier des charges.
Bref, dans les pompes funèbres comme ailleurs, parfois on se plante. C’est normal, c’est humain.
La différence entre le nucléaire, le spatial et le funéraire ? Du moins, une des différences. C’est qu’il existe des tonnes de documentaires sur les deux premiers. Il en existe aussi sur le funéraire, mais moins. Parce que les pompes funèbres ont une habitude, « pour vivre heureux, vivons cachés ». Même si vous avez l’impression de vous ouvrir, les gens connaissent souvent mieux l’envers de leur centrale nucléaire que de leur funérarium (et ils connaissent très, très mal le nucléaire).
Alors, on compte sur la chance. Parfois, c’est l’un des leurs qui écrit un livre sympa sur un métier qu’il aime. C’est bien, c’est rigolo. Et d’autres fois, on a « Les Charognards ». Et ça fait mal. On a déjà expliqué dans l’article précédent pourquoi il n’y a pas que OGF et Funecap qui vont ‘’prendre cher’’ à cause de ce livre.
Il y a une pompe funèbre dans le Nord de la France. Le patron s’appelle Charly Hennard. Sur son Facebook, il propose quelque chose aux familles de son secteur : « sur demande et dans la mesure du possible nous pouvons vous faire visiter nos locaux pour vous montrer l’envers du décors ».
Voilà, simple. Et absolument génial. Montrer aux gens qu’on n’a rien à cacher. Expliquer même pourquoi certaines choses se font loin des regards. C’est simplement une des meilleures idées que j’ai vu depuis que je travaille dans le journalisme funéraire, et elle valait la peine qu’on lui mette un coup de projecteur.
Guillaume Bailly