Ce 15 novembre sortira le nouvel album de Linkin Park, « From zero ». De zéro, donc, sept ans après le suicide de son chanteur emblématique, Chester Bennington. Une nouvelle accueillie avec enthousiasme pour certains, et circonspection pour d’autres. Est-il possible de remplacer un emblème ?
Tomber du toit du monde
En 2017, Linkin Park est un mastodonte. Porté sur le toit du monde au début des années 2000 avec leurs albums Hybrid Theory puis Meteora, le groupe est devenu un leader du nu metal, ou new metal, et avait reussi sa transition vers une musique plus tournée pop rock avec l’album One more light.
C’est en 2017, deux mois après la sortie de ce dernier album, que Chester Bennington, le chanteur, se suicide, laissant les fans désemparés et mettant, le pensait-on, un coup d’arrêt définitif au groupe.
La mort d’un membre emblématique d’un groupe est toujours un problème, surtout lorsqu’il s’agit d’un chanteur, qui porte un peu l’image sur ses épaules. Et les exemples dans l’histoire sont nombreux.
L’un des plus connus est AC/DC. Alors que le groupe était en pleine ascension, leur chanteur Bon Scott meurt. Souffrant de problèmes d’alcool, il d’asphyxie dans son propre vomi dans sa voiture au sortir d’un bar, un an après la sortie de l’album le plus célèbre du groupe, Highway to Hell. Les autres membres hésitent puis décident de continuer, recrutant Brian Johnson, qui est encore aujourd’hui le chanteur, et fait son entrée sur Back in black.
Et l’exemple est assez unique : AC/DC est l’un des rares groupes, voire le seul, qui a survécu à la disparition de son chanteur. Mais il y a une spécificité : le leadership est partagé entre le chanteur et Angus Young, le guitariste, qui est le véritable porte drapeau de AC/DC. C’est d’ailleurs souvent lui qui figure sur les pochettes. C’est ce qui a permis au groupe de hard rock australien de survivre, même si, encre aujourd’hui, il y a débat entre ceux qui préfèrent l’ère Bon Scott et les fans de Brian Johnson. Mais la preuve que AC/DC repose sur son guitariste en tenue d’écolier, c’est que lorsque Johnson a été empêché pendant une période de chanter pour des problèmes d’oreille, il a été remplacé sur scène par Axl Rose sans que presque personne n’y voie rien à redire (presque. Disons que les polémiques ont plus porté sur le choix d’Axl que sur la fait que le groupe continue sans Brian).
Exemple un peu plus niche, mais lui aussi emblématique : en mai 1980, Ian Curtis, chanteur du groupe Joy Division, se suicide à l’âge de 23 ans, alors que le groupe est en pleine ascension et l’attendait à l’aéroport pour leur première tournée aux Etats-Unis. Joy Division a atteint une gloire après sa mort qu’ils n’avaient pas connu de leur vivant, avec des titres comme Love will tear us apart, des ressorties et des compilations jusqu’à nos jours.
Mais, pour trois membres restants, il y avait une décision à prendre. Ce fut de continuer à faire de la musique ensemble, en mettant fin à Joy Division et en créant New Order. Et ça marchera, puisque le groupe sera considéré comme un des plus influents des années 1980, et leur single Blue Monday est, encore aujourd’hui, la meilleure vente de maxi 45 tours de tous les temps.
Mais le plus gros exemple est évident : le 24 novembre 1991, Freddie Mercury meurt des suites du SIDA. C’est la fin de Queen.
Sauf que l’exemple le plus célèbre est un faux exemple : en réalité, Queen, c’était déjà terminé, sans que ce soit dit ouvertement. Lorsque le groupe avait sorti, l’année précédente, Innuendo, leur dernier album, ils avaient déjà annoncé que les tournées mondiales, c’était fini. Et la plupart des membres étaient soit concentrés sur leur carrière solo, soit sur des projets parallèles. Mention spéciale au guitariste Brian May, qui en a profité pour terminer son doctorat d’astrophysique.
Oui, le guitariste frisé de Queen est docteur en astrophysique. Et le chanteur de The Offspring est docteur en biologie moléculaire. Mais revenons à nos moutons.
Et même si il y a eu des tributes et des tournées hommage, il n’a jamais été sérieusement question de continuer Queen sans Freddie Mercury.
Retour gagnant ?
La solution pur laquelle a opté Linkin Park est un peu une version moderne de AC/DC. Chester Bennington et irremplaçable ? Alors ne le remplaçons pas. Le groupe a donc choisi de prendre une chanteuse, Emily Armstrong, à la place.
Parce que, comme AC/DC, le leader qu’était Bennington éclipsait le véritable leader du groupe, Mike Shinoda, qui partage le micro pour les parties rap des chansons, compose et joue plusieurs instruments.
Il n’empêche : une partie des fans est en colère, et la famille de Chester Bennington est très remontée.
Linkin Park peut-il remonter au sommet sans son premier de cordée ? Réponse avec le nouvel album, ce 15 novembre.
Guillaume Bailly