Le principe de Torricelli

Thanatopraxie : l’injection par gravité.

Quand vous lâchez un objet, il tombe naturellement vers le bas sous l’effet de son poids, c’est la gravité. Pour un fluide, ça se passe exactement de la même manière. A moins d’avoir un pouvoir de télékinésie, l’eau coule toujours vers la bas.

Ce principe physique est utilisé par certains thanatopracteurs pour procéder à l’injection du corps. Pour ce faire, le praticien utilise un bidon d’injection placé en hauteur et relié à la canule d’injection par une longue tubulure, agrémentée ou non d’une pompe d’amorçage ainsi que d’un robinet d’arrêt.

En mécanique des fluides, la gravité terrestre a un rôle prépondérant et la pression atmosphérique s’exerce à la surface du fluide. La solution conservatrice  est ainsi soumise à une pression verticale permettant une injection artérielle sur le même principe que celui de la perfusion.

Le principe de Torricelli (milieu du 17ème siècle) explique que la vitesse d’écoulement d’un soluté dépend de la hauteur de fluide située au-dessus de l’ouverture par laquelle il s’échappe. Autrement dit, plus la hauteur de fluide dans le bidon sera importante, plus la vitesse à la sortie du bidon sera grande.

Dans notre cas, les pertes de charges, définies comme étant les pertes d’énergie mécanique dues aux frottements sur les parois de la tubulure, sont trop faibles voire insignifiantes.

Concrètement, quels sont les avantages et les inconvénients d’une telle technique?

Personnellement, pour pratiquer la gravité au quotidien depuis presque 2 ans et ayant traité environ 1500 défunts avec ce procédé, je n’y trouve que des avantages. Certes, le temps d’injection est sensiblement plus long qu’en pression mais ce « temps perdu » est facilement rattrapable. En effet, cette technique permet assez facilement de multiplier les tâches parallèles (rasage, habillage du bas…), chose plutôt délicate à faire lorsqu’on travaille avec une pompe manuelle ou électrique.

N’étant pas « agressés » par la pression, les capillaires sanguins ne sont plus lésés, permettant ainsi une meilleure diffusion du fluide.  Elle nous permet ainsi que pouvoir injecter une plus grande quantité de solution conservatrice à des concentrations plus faibles réduisant considérablement le risque de grisonnement des tissus. Je constate aussi, avec le temps, que les corps ne rougissent plus lors des manipulations et il n’est pas rare de constater un plissement cutané de déshydratation, même dans des cas d’oedèmes, sans avoir à utiliser d’additifs.

L’absence de pression mécanique réduit, voire annule complètement, les risques de gonflements parfois irréversibles que l’on peut connaître en pression.

Elle est un véritable confort de travail pour le praticien initié.

Le protocole de base demeure le même. La ponction reste cardiaque (voire veineuse).  La gravité demande un petit temps d’adaptation et d’organisation pour le thanatopracteur qui souhaite y adhérer quoique relativement cours.

Cette technique est ancienne, trop peu utilisée et victime d’une mauvaise réputation venant souvent de gens qui ne la connaisse et ne la pratique pas. Aujourd’hui, pour rien au monde, je ne reviendrais en arrière et je m’efforce d’enseigner ce procédé aux élèves thanatopracteurs intéressés qui auront compris que la thanatopraxie est une perpétuelle remise en question et qu’elle n’est pas limitée à une seule technique.

Mickael Curti

Thanatopracteur et formateur en thanatopraxie.

2 Commentaires “Thanatopraxie : l’injection par gravité.”

  1. Merci pour cet article qui a répondu à mes interrogations, je ne vais plus hésiter à tenter cette méthode.

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